<p>M. d'Avezac, dont il faut toujours citer l'ing?nieuse et profonde ?rudition lorsqu'il s'agit de recherches sur l'histoire de la g?ographie, se plaignait nagu?re, et non sans raison, de l'indiff?rence que les Fran?ais avaient apport?e en tout temps ? faire valoir leurs d?couvertes; il regrettait surtout que le r?cit du premier voyage de Jacques Cartier au Canada ne nous f?t parvenu que par des traductions. En effet, le plus ancien qui ait paru en France, de l'aveu de l'?diteur, n'est qu'un travail de seconde main dont on ignore l'origine, car cette version, sur quelques points, s'?carte de celle de Ramusio, de beaucoup ant?rieure, sans cadrer exactement avec celle que nous a conserv?e Hakluyt, qui diff?re ?galement des deux autres. Du reste, on s'aper?oit ais?ment qu'elle n'a pu ?tre l'oeuvre ni de Cartier, ni d'aucun de ses compagnons de voyage, surtout si on la rapproche de la relation du second voyage, que l'on croit pouvoir attribuer soit au chef, soit ? un des marins de l'exp?dition. Celle-ci, par le style autant que par l'orthographe, r?v?le une main inexp?riment?e, plus habile ? guider un navire sur l'oc?an et affronter les temp?tes qu'? manier une plume. On arrive donc ? cette conclusion, qu'au XVIe si?cle il existait trois relations du r?cit du premier voyage de Cartier, une en italien, celle de Ramusio, une en anglais, publi?e par Hakluyt, et une troisi?me que nous ne connaissons pas, celle que Rapha?l du Petit-Val a fait traduire en 1598, pour en donner une ?dition fran?aise. Il est ? supposer qu'il n'a agi ainsi que faute d'avoir pu se procurer une r?daction originale, qui seule, en reproduisant exactement les faits, e?t permis d'appr?cier l'exactitude de l'auteur et de r?gler la cr?ance que l'on pouvait accorder ? ses all?gations. L'importance qu'elle e?t offerte alors n'a pas diminu? aujourd'hui, et nous croyons qu'il y a encore quelque int?r?t pour nous ? poss?der la source primitive des diff?rentes versions ?trang?res, c'est-?-dire la premi?re relation, qui a d? ?tre r?dig?e par Cartier lui-m?me (la supposition selon nous la plus vraisemblable) ou du moins par un de ses compagnons de route. Elle n'a pu ?videmment ?tre ?crite qu'en fran?ais, dans le langage habituel des marins, et sp?cialement des marins bretons, c'est-?-dire avec des locutions provinciales, des incorrections compens?es par un emploi plus exact des termes propres ? la profession maritime et ? l'art nautique. A ce point de vue, nous pouvons essayer un rapprochement curieux entre la version de Rapha?l du Petit-Val et la publication de 1545, reproduite si soigneusement par M. d'Avezac, qui attribue ? Cartier la relation du second voyage. Quoique ce dernier texte paraisse d?j? am?lior?, puisqu'il s'?carte dans maint passage des trois versions manuscrites de la Biblioth?que imp?riale, qui ne sont pas non plus identiques entre elles, on peut remarquer que la langue en est beaucoup plus incorrecte que la traduction de 1598. Si, au contraire, nous venons ? le comparer avec celui que nous publions, on y remarquera de nombreuses analogies d'expressions, de tournures, d'idiotismes, nous dirons mieux, d'incorrections et de fautes qui d?c?lent une m?me origine. Il n'est pas n?cessaire de les signaler en d?tail, elles frappent au premier coup d'oeil; et sans qu'il soit besoin d'insister plus longuement, il nous para?t r?sulter non moins clairement du r?cit lui-m?me qu'on peut l'attribuer avec assurance ? Cartier, quoiqu'il ait ?vit? avec soin de se d?signer express?ment. Cependant, malgr? ses pr?cautions pour cacher sa personnalit? sous des termes g?n?raux, tels que: nous part?mes..., nous arriv?mes..., il se trahit quand il lui ?chappe de dire: Je nomme icelle isle saincte Katherine... (p. 7.) Or ce droit appartenait exclusivement au chef de l'exp?dition, et le chef c'?tait Jacques Cartier. Parfois il se laisse entra?ner ? ?mettre son opinion personnelle par ces mots: j'estime... p. 11; j'ai seu... (p. 12); je presume mielx que aultrement ? ce que j'ai veu... (p. 20); et la fa?on modeste avec laquelle il nous dit: Icelluy fut nomm? le hable Cartier... (p. 7) ne fait que confirmer notre hypoth?se, car toute autre personne de l'?quipage n'e?t pas manqu? d'observer que c'?tait en l'honneur du capitaine, ce que celui-ci voulait au contraire ?viter, en relatant simplement le fait. Au surplus, voici le point capital: la relation que nous publions est bien la version primitive, ?crite par un homme peu lettr?, parlant le fran?ais en usage dans la partie de la Bretagne qui avoisine Saint-Malo, en un mot l'original qui a d? servir aux diverses traductions publi?es ant?rieurement. Quant aux variantes que pr?sentent ces divers textes, elles sont l?g?res et s'expliquent facilement par des erreurs de copistes, des fautes de lecture ou des b?vues de traducteurs.</p>画面が切り替わりますので、しばらくお待ち下さい。

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